Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais (1732 − 1799)

 

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais est né le 24 janvier 1732 à Paris en France, où il a travaillé toute sa vie. Fils d’horloger, il est l’inventeur du mécanisme de l’échappement à hampe. Il l’a expliqué au sieur Lepaute, horloger du Roi, qui se prétend alors à l’origine mais Pierre-Augustin le confond en cour. Beaumarchais est également l’inventeur d’un mécanisme de perfectionnement destiné aux pédales de harpes.

Il se marie en 1756 avec Madelaine-Catherine Aubertin, veuve Franquet, de presque dix ans son aînée ; celle-ci décède un an plus tard. On le soupçonne de l’avoir tuée et c’est l’occasion du premier de la longue suite de procès et de scandales qui devaient marquer son existence. C’est en 1756 qu’il prend le nom de Beaumarchais, nom d’une terre de sa première épouse.

Son sens de l’intrigue et des affaires, son fort pouvoir de séduction, devaient lui permettre de gagner les faveurs de la Cour.

Il devient en 1759 professeur de harpe à Mesdames, filles de Louis XV, il se lie d’amitié avec le financier de la Cour, Joseph Paris Duverney, se lance dans les spéculations commerciales et déploie un tel génie en ce genre qu’en peu d’années il acquiert une grande fortune. Il achète une charge de secrétaire du roi. Il devient ensuite lieutenant général des chasses et commence à écrire des petites parades pour des théâtres privés (Les Bottes de sept lieues, Zirzabelle, Jean Bête à la foire) qui jouent sur un comique de mots et de corps proche de la farce. Il est aussi à l’époque patronné par le prince de Conti.

En 1768, il épouse Geneviève-Madeleine Wattebled, veuve de Lévêque, garde général des Menus-Plaisirs, qui décède en 1770, à 39 ans, laissant une importante fortune. Beaumarchais est accusé de détournement d’héritage.

Les années 1770 - 1773, sont pour Beaumarchais, des années de procès et de défaveur : en outre ses démêlés avec le comte de la Blache, il est occupé par la succession testamentaire de Joseph Paris Duverney dont devait accoucher l’affaire Goëzman. Il y manifeste un art consommé des Mémoires judiciaires, allant jusqu’à renouveler le genre, mais il y perd fortune, alliés et droits civiques.

En 1774, il fait la connaissance de Marie-Thérèse Willermaulaz (1751-1816) qui devient sa troisième épouse en 1786. En mars de cette même année, il est une première fois envoyé à Londres pour négocier la suppression du libelle dirigé contre Madame du Barry, les Mémoires secrets d’une femme publique de Théveneau de Morande, mission où il espère regagner les faveurs de la Cour.

Le 8 avril 1775, sous les conseils de Sartine, il est chargé par le nouveau souverain d’empêcher la publication d’un nouveau pamphlet, l’Avis à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut d’héritiers, d’un certain Angelucci, qui prétend que le roi a « l’aiguillette nouée ».

Cette mission qui conduisit Beaumarchais en Angleterre, aux Pays-bas, dans les États allemands et en Autriche, où il fut pour un temps incarcéré sous motif d’espionnage, devient sous sa plume une aventure picaresque.

La même année, il est chargé à Londres de récupérer des documents secrets détenus par le chevalier d’Éon.

À partir du mois de juin, il se lance dans une nouvelle aventure et se fait l’avocat d’une intervention française dans la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique. Il entame alors une correspondance enflammée avec le comte de Vergennes, où il défend la cause des Insurgés. Dès le mois de septembre 1775, Beaumarchais joue un rôle politique en tant qu’intermédiaire entre les Insurgents et la France, et il rencontre fréquemment Arthur Lee, député secret des Insurgents.

Le 10 juin 1776, le secrétaire d’État aux affaires étrangères lui confie une somme importante pour soutenir secrètement les Américains. Initiée secrètement par Louis XVI et Vergennes, Beaumarchais reçoit l’autorisation de vendre poudre et munitions pour près d’un million de livres tournois sous le couvert de la compagnie portugaise Rodrigue Hortalez et Compagnie qu’il monte de toutes pièces. La société Rodrigue Hortalez et Cie., va lui permettre de s’enrichir en vendant armes et munitions et en envoyant une flotte privée pour soutenir les Insurgés.

Il se fait en même temps une grande réputation dans le monde par ses factums, mémoires judiciaires pleins de malice et d’intérêts, qui eurent un succès prodigieux, et par des pièces de théâtre pleines de verve et d’originalité, mais d’une hardiesse inouïe, qui obtinrent une vogue extraordinaire. Il donne la première édition des œuvres de Voltaire, édition de Kehl, et dépense dans cette entreprise des sommes considérables.

Il milite au sein de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, fondée en 1777 à son initiative, et obtient à la Révolution la reconnaissance des droits d'auteur. Ceux-ci sont automatiques à la création d’une œuvre. Ils garantissent à son auteur ses droits patrimoniaux et moraux (la reconnaissance de la paternité de l’œuvre notamment). Dans De la Littérature industrielle, Sainte-Beuve présente l’action de Beaumarchais comme un tournant décisif de l’histoire de la littérature, car l’écrivain passe du statut de bénévole, de passionné ou de mendiant (dépendant de ses mécènes) à celui d’industriel et de gestionnaire : « Beaumarchais, le grand corrupteur, commença à spéculer avec génie sur les éditions et à combiner du Law dans l’écrivain ». En 1790, il se rallie à la Révolution française, et on le nomme membre provisoire de la Commune de Paris. Mais il quitte bientôt les affaires publiques pour se livrer à de nouvelles spéculations ; moins heureux cette fois, il se ruine presque en voulant fournir des armes aux troupes de la république. Il devient suspect lors de la Convention et est emprisonné à l’Abbaye sous la Terreur. Il échappe cependant à l’échafaud et se tient quelques années caché. Il s’exile à Hambourg puis revient en France en 1796. Il écrit ses Mémoires, chef-d’œuvre de pamphlet, et meurt à Paris le 18 mai 1799 d’apoplexie. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (division 28) à Paris. Sa fille, Amélie-Eugénie de Beaumarchais (1777-1816), intente, en 1814, un procès afin d’obtenir le remboursement des sommes avancées par son père pour financer la livraison d’armes destinées à la Révolution américaine. Ses héritiers obtiendront 800 000 dollars en 1835.