Pierre Le Pesant de Boisguilbert (1646 − 1714)
Boisguilbert est un crivain et économiste français qui a produit les textes fondateurs de l’économie politique moderne.
Dans son ouvrage principal datant de 1695, Le Détail de la France, la cause de la diminution de ses biens et la facilité du remède en fournissant en un mois tout l’argent dont le Roi a besoin et enrichissant tout le monde, il décrit la ruine générale des Français de toutes les classes provoquées par le mauvais régime économique.
Il réalise également la première schématisation en France d'un circuit économique en tant que tel, expliquant la circulation de l'argent dans la société d'Ancien Régime. Son analyse sera reprise et approfondie par Richard Cantillon.
Critiquant Colbert pour avoir négligé l’agriculture, il soutient que la richesse d’un pays réside non dans l’importance de sa masse monétaire mais dans sa production et ses échanges.
Il réclame également la liberté du commerce, en particulier celui des grains, et la réforme des impôts.
Il propose, comme solution aux calamités de son époque, moins la réduction que l’égalisation de la participation à l’impôt comme devant permettre aux pauvres de consommer plus, d’augmenter la production et d’ajouter à la richesse générale. Il demande la réforme de la taille, la suppression des droits de douane intérieure et la liberté du commerce.
Dans Le Factum de la France ou moyen très facile de faire recevoir au roi quatre-vingt millions par-dessus la capitation, praticables par deux heures de travail de Messieurs les Ministres et un mois d’exécution de la part des peuples de 1705, il propose de remplacer tous les droits de douane par une simple capitation d’un dixième du revenu sur toutes les propriétés auquel se sont opposés les fermiers généraux et qui a trouvé peu d’appui.
Le désastre rencontré par le nouvel impôt du « dixième » institué en 1710 par le contrôleur-général Nicolas Desmarets, qui n’était pas sans analogie avec le projet de Boisguilbert, à cela près que le « dixième » conçu par Boisguilbert était destiné à remplacer tous les autres impôts alors que celui de Desmarets ne faisait que se surajouter à eux, a sûrement contribué à déconsidérer un peu plus les propositions de Boisguilbert qui fut malgré tout beaucoup utilisé – mais peu cité – par les physiocrates puis par Adam Smith.
Sources
René Durand, Essai sur les théories monétaires de Pierre de Boisguilbert, Poitiers: Texier, 1922
Gilbert Faccarello, Information, anticipations et équilibre macro-économique chez P. de Boisguilbert (1646-1714), Lille, Université de Lille III, 1984.
Gilbert Faccarello, Aux Origines de l’économie politique libérale : Pierre de Boisguilbert, Paris, Anthropos,1986. ISBN 2715711352
Jacqueline Hecht, Pierre de Boisguilbert ou la naissance de l’économie politique, Paris, I.N.E.D., 1966.
Edmond Méret, Étude sur les travaux économiques de Boisguilbert, lieutenant général de police et président au bailliage de Rouen, Rouen, Julien Lecerf, 1893.
Maurice Frotier de la Messelière, Boisguilbert et la liberté du commerce des grains, Paris, E. Larose, 1903
Jean Molinier, Les Métamorphoses d'une théorie économique ; le revenu national chez Boisguilbert, Quesnay et J.-B. Say, Paris, Colin, 1958
Hazel Van Dyke Roberts, Boisguilbert : economist of the reign of Louis XIV, New York, Columbia University Press, 1935
Albert Talbot, Les Théories de Boisguilbert et leur place dans l'histoire des doctrines économiques, New York, B. Franklin, 1971. ISBN 0833734679
Bertrand Tremblay, La Conceptualisation de l'activité économique selon Boisguilbert, Montréal, Université de Montréal, 1973