René-Just Haüy (1743 − 1822)

Fils d'un tisserand, il est le frère de Valentin Haüy, qui consacra sa vie aux aveugles. Après des études à Paris, il est ordonné prêtre en 1770. Il devient régent au collège du Cardinal Lemoine où il se lie d'amitié avec Charles Lhomond. Ce dernier lui ayant fait découvrir la botanique, ils fréquentent le Jardin des plantes, où Haüy suit les cours du naturaliste Daubenton. Haüy se consacre dès lors à la science et, après avoir communiqué à Daubenton certaines de ses découvertes sur la forme cristalline des minéraux, il est admis, presque à l'unanimité, à l'Académie des sciences comme associé-botaniste, en 1783. Les démonstrations qu'il donne dans son très humble logis du collège sont suivies avec un grand intérêt par Pierre-Simon Laplace, Joseph-Louis Lagrange, Antoine Lavoisier, Claude Louis Berthollet et Antoine François, comte de Fourcroy. Il compte, parmi ses élèves, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.

Après vingt ans d'enseignement, il prend sa retraite. Il refusera, durant la Révolution, de prêter serment à la Constitution. Privé de sa faible pension, il est arrêté comme prêtre réfractaire en août 1792. C'est grâce à l'action énergique de son élève, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, et des scientifiques de l'Académie comme du Jardin des plantes, qu'il sera extrait de sa prison, encore que R. J. Haüy refusait de la quitter au prétexte que d'autres prêtres y demeuraient prisonniers. Quelques jours plus tard, ceux-ci furent massacrés.

Redevable, il prendra, sans succès -ni suite fâcheuse à cette époque- la défense d'Antoine Lavoisier.

La Convention puis le Directoire lui confient différentes charges. Haüy est notamment membre de la commission des poids et mesures (1793), puis devient professeur de physique à l'École normale de l'an III (1794), enfin conservateur des collections et professeur de cristallographie à l'École des mines (1795). Il entre à l'Institut de France la même année. Il enseigne la minéralogie au Muséum national d'histoire naturelle à partir de 1800, en remplacement de Déodat Gratet de Dolomieu, d'abord temporairement puis, à la mort de ce dernier, définitivement. En 1808, il devient enseignant à l'École normale supérieure, puis obtiendra le titre de chanoine honoraire de Notre-Dame de Paris et la chaire de minéralogie (1809), créée pour lui, à la faculté des sciences de Paris. C'est son adjoint, Alexandre Brongniart, qui assurera la plupart des cours de cette dernière fonction.

A la Restauration, la « mansuétude » révolutionnaire (il n'a toujours pas prêté serment à la religion réformée, il est sorti des geôles révolutionnaire juste avant l'exécution de ses codétenus, il ne sera pas inquiété pour sa prise de position en défendant Lavoisier…) le rend suspect. Il sera privé de la plupart de se moyens d'existence jusqu'à sa mort, en 1822, des suites d'une chute dans sa chambre. Il repose au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

En 1793, il détermine, en collaboration avec Antoine Lavoisier, la valeur de la nouvelle unité de masse, connue sous le nom de kilogramme, pour la Commission des poids et mesures de l'Académie des sciences.

Haüy montra que la forme des cristaux résultait de l'empilement de petits volumes de matière qu'il nommait molécules intégrantes, et dont son élève, Gabriel Delafosse déduira la notion de maille en 1840. Grâce à ces travaux, Haüy parvient à définir l’espèce minérale.

Partant du principe, découvert en 1817 avec le spath d'Islande, et d'autres données, que tous les minéraux peuvent acquérir la propriété électrique et afin d'établir des critères de détermination de chacun d'entre eux, R.J.Haüy se pencha sur la nature de l'électricité et sa quantité, développées par plusieurs moyens : la pression, en comprimant le minéral entre deux doigts ; le frottement (phénomène de triboélectricité) et la chaleur (phénomène de pyroélectricité).

Pour ses recherches, R.J. Haüy a imaginé et décrit de petits appareils qu'il a nommés électroscopes permettant de définir l'électricité créée, vitrée ou résineuse, selon l'acceptation de l'époque (établie par Dufay et Nollet).

Haüy enrichit considérablement les collections du Muséum grâce à des dons, des échanges et des achats. Sa collection personnelle de minéraux a été acquise par un britannique avant d'être rachetée par le Muséum en 1848.


On lui doit la description de nombreuses espèces minérales :