Edward Jenner (1749 − 1823)

 

Jenner fut formé à Chipping Sodbury, dans le Gloucestershire comme apprenti de M. Ludlow, un chirurgien, pendant huit ans à partir de l'âge de 14 ans. Jenner est parti à Londres en 1770 pour étudier la chirurgie et l'anatomie sous la direction du chirurgien John Hunter et également à l’Université St George de Londres. Hunter était un expérimentateur renommé qui fut plus tard membre de la Royal Society.

William Osler rapporte que Jenner était un étudiant à qui Hunter répétait une maxime de William Harvey, très célèbre dans le milieu médical (et caractéristique de l’époque des Lumières), « Ne croyez pas, essayez ». Jenner fut très tôt remarqué par des hommes célèbres pour avoir fait progresser la pratique médicale et les institutions de la médecine. Hunter a continué à correspondre avec lui sur des sujets d'histoire naturelle et l’a recommandé à la Royal Society. De retour dans sa région natale en 1773, il devint médecin généraliste et chirurgien, exerçant son activité d’abord à Berkeley.

Jenner et d'autres collègues fondèrent une société de médecine à Rodborough dans le Gloucestershire et ils se réunissaient pour dîner ensemble et lire des documents traitants de sujets médicaux. Jenner a apporté sa contribution à des articles sur l’angine de poitrine, l’ophthalmie, les maladies des valves cardiaques et fit des observations sur la Vaccine. Il a également appartenu à une société analogue qui se réunissait à Alveston, près de Bristol.

Dans le domaine de la cardiologie, il était partisan de la théorie expliquant l'angine de poitrine par les calcifications observables sur les coronaires. Mais si cette théorie semble plus proche de la vérité que les théories concurrentes de l'époque ("névralgie" pour l'école française, par exemple), il faut se garder d'y voir simplement une correspondance avec l'explication moderne par l'athérosclérose. En effet, la calcification n'était pas censée agir par le rétrécissement du calibre des artères, mais par l'obstacle que leur durcissement mettait à la dilatation du cœur.

Il fut élu membre de la Royal Society en 1788 à la suite d'une étude détaillée sur la vie méconnue du coucou dans son nid en combinant pour son étude l’observation, l’expérimentation et la dissection.

La description par Jenner du coucou tout juste éclos poussant les œufs et les oisillons de son hôte hors du nid a été confirmée au XXe siècle lorsqu’il est devenue possible de le photographier. Ayant observé son comportement, il a mis en évidence une adaptation anatomique du bébé coucou qui présente une dépression dans le dos qui n'était plus présente après 12 jours de vie et dans laquelle il rassemble les œufs et les autres poussins pour les pousser hors du nid. On avait supposé que les oiseaux adultes étaient responsables de cette pratique mais l'adulte n’est pas présent dans le nid suffisamment longtemps. Ses conclusions ont été publiées dans les Philosophical Transactions de la Royal Society en 1787.

Il a épousé en mars 1788 Catherine Kingscote (décédée en 1815 d’une tuberculose) qu’il avait rencontrée lorsque les aérostats sont apparus dans l’actualité des sciences et qu’il les avait expérimentés avec d'autres curieux. Au cours de la tentative, son ballon a atterri à Kingscote Parc, propriété d’Anthony Kingscote dont Catherine était l'une des trois filles.

En 1792, il a obtenu son doctorat en médecine de l’université de St Andrews.

Il quittera peu le comté du Gloucestershire où il est né et lorsque James Cook l'invite à participer à son second voyage autour du monde mais il refuse.

On dit qu’il était franc-maçon.

À cette époque, la variole était redoutée, car un tiers de ceux qui contractaient la maladie en mouraient et ceux qui survivaient étaient généralement défigurés. Voltaire, quelques années plus tard, rapportait que 60 % des personnes contractaient la variole, et que 20 % de la population en mourait. À partir de 1770 et dans les années qui ont suivi, six personnes au moins en Angleterre et en Allemagne (Sevel, Jensen, Jesty 1774, Rendall, Plett 1791) avaient expérimenté avec succès la possibilité d'utiliser le vaccin de la vaccine comme vaccination contre la variole chez l'homme. Par exemple, un agriculteur du Dorset, Benjamin Jesty, a réussi à induire une immunité artificielle chez sa femme et ses deux enfants avec la vaccine au cours d'une épidémie de variole en 1774, mais ce n’est qu’après les travaux de Jenner une vingtaine d'années plus tard, que le procédé a été largement compris. En effet, il est généralement admis que Jenner n'était pas au courant du succès de Jesty et est arrivé indépendamment aux mêmes conclusions.

En partant de l'observation courante que les trayeuses ne contractaient généralement pas la variole, Jenner a théorisé que le pus présent dans les vésicules des trayeuses qui avaient contracté la vaccine (une maladie semblable à la variole, mais beaucoup moins virulente), protégeait les trayeuses de la variole. Il est possible qu’il ait été aidé par le fait d’avoir entendu l’histoire de Benjamin Jesty et peut-être d'autres pionniers qui avaient délibérément infecté leurs familles par la vaccine et constaté une réduction des risques dans ces familles.

Le 14 mai 1796, Jenner a testé sa théorie en inoculant James Phipps, un jeune garçon de huit ans, avec le contenu des vésicules de vaccine de la main de Sarah Nelmes, une trayeuse qui avait contracté la vaccine transmise par une vache nommée Blossom. Phipps a été le 17e cas décrit dans le premier article de Jenner sur la vaccination.

Jenner inocula Phipps avec le pus de la vaccine dans les deux bras le même jour, en grattant le pus des vésicules de Nelmes avec un morceau de bois puis en le transférant sur les bras de Phipps. Cette inoculation a provoqué de la fièvre et un malaise général mais pas de maladie grave. Plus tard, il a inoculé Phipps selon la technique de la variolisation qui était auparavant la méthode de routine pour obtenir l'immunité contre la maladie. Aucune maladie ne s’est déclarée. Jenner a indiqué que plus tard, le garçon a été de nouveau soumis à la variolisation et n’a pas non plus présenté de signe d'infection.

Il a poursuivi ses recherches et les a transmises à la Royal Society, qui n'avait pas publié le rapport initial. Après l'amélioration de la méthode et d’autres travaux, il a publié une étude sur vingt-trois cas. Certaines de ses conclusions étaient correctes et d’autres erronées – les méthodes modernes de microbiologie et de microscopie peuvent permettre de répéter cette étude plus facilement. La communauté médicale, aussi prudente à l’époque qu’aujourd'hui, a étudié ses conclusions un certain temps avant de les accepter. Finalement, la vaccination a été acceptée et, en 1840, le gouvernement britannique interdit la variolisation et encourage la vaccination gratuite.

Le vaccin contre la variole a ensuite été accepté dans toute l'Europe. Napoléon Ier tiendra même à ce que son fils, le roi de Rome, reçoive le traitement préventif.

La poursuite de ses travaux sur la vaccination empêchait Jenner de continuer sa pratique médicale habituelle. Il a été appuyé par ses collègues et après une requête du Parlement le roi lui a accordé 10000 £ pour ses travaux sur la vaccination. En 1806, il a reçu à nouveau 20000 £ pour ses travaux.

En 1803 à Londres, il s'est impliqué dans le développement de la Jennerian Institution, une société s'occupant de la promotion de la vaccination pour éradiquer la variole. En 1808, avec l'aide du gouvernement, cette société devient le National Vaccine Establishment. Jenner est membre de la Medical and Chirurgical Society à sa fondation en 1805 et il y présente un certain nombre de ses articles. C'est maintenant la Société Royale de Médecine.

De retour à Londres en 1811, il observe un nombre significatif de cas de variole survenus après une vaccination. Il constate que, dans ces cas, la gravité de la maladie a été considérablement atténuée par la vaccination antérieure. En 1821, il est nommé médecin éminent par le roi George IV, un honneur national, et a été élu maire de Berkeley et juge de paix. Il a poursuivi ses recherches dans le domaine de l'histoire naturelle. En 1823, dernière année de sa vie, il a présenté ses observations sur la migration des oiseaux à la Royal Society.

Il a été victime le 25 janvier 1823 d’une crise d’apoplexie qui s’est manifestée par une hémiplégie droite. Il n'a jamais récupéré de sa paralysie, et est décédé des suites de ce qui était apparemment un accident vasculaire cérébral (il avait déjà subi une première attaque cérébrale) le 26 janvier 1823, à 73 ans. Il a eu un fils et une fille, son fils aîné est mort de tuberculose à l'âge de 21 ans.