« L’Univers
m’embarrasse, et je ne puis songer
Que cette
horloge existe et n’ait pas d’horloger . »
Voltaire, Satires .
Cette parole de Voltaire traduit très bien ce qu’est l’Univers :
tout et rien, mais surtout l’immensité ...
Si l’on s’imagine le premier homme en contemplation devant un ciel étoilé,
on se doute de toutes les images qui lui traversent l’esprit quant à sa
conception de l’origine et de la forme de l’Univers . Mais qu’est-ce que
l’Univers ? C’est tout simplement un ensemble de grandeurs astronomiques
telles que les galaxies, les étoiles, les planètes, les nébuleuses, les
nuages moléculaires géants, les amas...
Nos « ancêtres » n’avaient pas les moyens de se pencher si
précisément sur notre Univers ; en effet, ils s’intéressaient seulement à
l’aspect des choses et ne fonctionnaient que par déduction, ce qui ne les empêchait
pas de faire des découvertes aujourd’hui reconnues ... Mais ils partaient le
plus souvent sur des idées reçues et des craintes . Ainsi, Babyloniens,
Egyptiens et Chinois observaient le ciel, connaissaient les mouvements des planètes
et savaient prévoir les éclipses . Mais leurs systèmes restaient empreints de
mythes : pour les Babyloniens, l’Univers
est une voûte et le Soleil flotte sur l’Océan ; pour les Egyptiens, le Nil
est un bras de l’Océan et le Soleil y flotte en barque ...
Les Grecs, beaucoup plus objectifs, inventèrent le système
géocentrique : la Terre est placée au centre de l’Univers et toutes les
planètes tournent autour d’elle ; c’est la pensée reflétée par certains
grands noms comme Anaximandre, Pythagore, Aristarque, Ptolémée ... L’auteur
Hésiode expliqua d’ailleurs sa propre version, en tant qu’artiste, de la Création
du monde : son texte La Nuit de
la Cosmogonie (voir page
suivante) renferme toutes les allusions et les illusions mythologiques de l’époque
. Les systèmes moyenâgeux reprennent d’ailleurs ceci, et les observateurs
arabes y apportent de nombreuses précisions .
Le Polonais Copernic réalisa un progrès considérable lorsqu’il écrivit que
le Soleil était placé au centre du système planétaire, que la Terre tournait
autour de lui, comme l’Univers ... Mais c’est Képler
qui va établir le système tel qu’on le connaît aujourd’hui : la Terre est
une planète comme les autres, dont les orbites sont elliptiques autour d’un
Soleil qui n’est qu’une étoile parmi tant d’autres .
Galilée
et plus tard Newton s’efforcent
d’intégrer ce point de vue très contesté à leur époque, jusqu’à ce
qu’Einstein réussisse à l’imposer en le démontrant . Il faut dire que le
monde ecclésiastique a constitué un continuel frein
au développement de la recherche, et que par sa « faute » l’homme
s’est longtemps représenté une Terre comme un disque suspendu dans
l’espace on ne sait comment, délimité par les colonnes d’Hercule en
Espagne, et ce ne sera qu’au XVème siècle que les Conquistadores et les
Colons feront la preuve que la Terre est bien ronde, principe que l’on vient
de nuancer avec de récentes découvertes (elle est aplatie aux pôles et irrégulièrement
elliptique) .
LA
NUIT DE LA COSMOGONIE
« Tout à fait au commencement naquit Chaos, puis Terre au large
flanc, siège solide, pour tous, pour toujours ... : et avec
Elle Amour, le plus beau parmi les dieux immortels, Amour délieur de
membres, Amour qui dompte dans les poitrines, et des dieux et des hommes, la
raison et le sage vouloir .
De Chaos naquirent ensuite Erèbe avec la Noire Nuit, et de Nuit Ether
avec Lumière du jour . Terre, Elle, enfanta le premier un fils égal à Elle-même
: Ouranos étoilé, pour qu’il la couvrît toute entière, et fît un siège
solide pour les dieux bienheureux . Elle enfanta ensuite les grandes Montagnes,
aimables lits des déesses Nymphes, habitantes des eaux . Et la Mer stérile
soulevée de vagues, Pontos . Elle enfanta sans tendresse d’amour . Mais après,
des amours d’Ouranos elle enfanta Océan à la profondeur tourbillionnaire,
Coios, Crios, Hypérion, Japet : Théia, Rhéia, Thémis, Mnémosyne, Phoebe à
la couronne d’or, et la désirable Thétys . Le dernier d’entre tous, le
plus fort, Cronos à la pensée retorse, le plus redoutable de ses enfants .
Nuit enfanta Moros, la noire Kère et la Mort . Elle enfanta le Sommeil
et avec lui la race des Songes . Sans s’être unie d’amour à personne, la déesse
les a enfantés . Nuit la Ténébreuse . Elle enfanta ensuite Sarcasme et Détresse
la douloureuse . Les Hespérides, celles qui derrière la rumeur d’Océan
soignent les belles pommes d’or, et les arbres porteurs de ce fruit . Elle
enfanta les Parques, les Kères Vengeresses ..., celles qui poursuivent les
transgressions et des hommes et des dieux, sans jamais faire trêve à leur
courroux redoutable, qu’elles n’aient exercé la punition contre le
coupable, quel qu’il soit ! Elle enfanta la Némésis, la Tromperie avec la
Passion, la Vieillesse Ruineuse, et la Guerre au coeur irrité .
Guerre l’odieuse, Elle, a enfanté Peine la douloureuse, Oubli, Famine
et Chagrins ruisselants de larmes, Batailles, Combats, Meurtres et Assassinats,
Disputes, Mensonges et Paroles équivoques, Dissension et Défaite, les
compagnes inséparables . Et le Serment, le pis de tous les maux pour les hommes
de sur la terre, s’ils se parjurent à bon escient ... »
Tiré d’HESIODE, Théogonie (211-232) .