L’hypothèse de KANT
« Je
suppose que toute la matière dont sont faites les sphères de notre système
solaire était au début décomposée en ses éléments de base et remplissait
tout l’espace de l’Univers où, actuellement, les corps tournent . Cet état
de nature, considéré en soi et pour soi, sans référence à aucun système,
semble être le plus simple qui puisse succéder au néant ... Dans une région
de l’espace remplie de cette façon, un repos universel ne pouvait durer
qu’un seul instant . La matière commence aussitôt à se tendre et à se
former d’elle-même . Des éléments épars d’un espèce plus dense, du
fait de leur attraction, puisent toutes les matières de gravité inférieure
dans une sphère située autour d’eux . Tout le résultat du processus
consisterait en la formation de différentes masses . »
E.
KANT, Histoire naturelle et théorie
générale du ciel, 1755.
Emmanuel KANT (1724-1804) est un très grand philosophe allemand de formation
scientifique ; il saisit très vite l’importance du déclin de l’Eglise face à la science . Il étudia d’abord la
physique et les mathématiques, puis s’occupa de plusieurs problèmes
d’astronomie et de géophysique . Dans une de ses oeuvres, publiée
anonymement alors qu’il avait trente-et-un an, il posa les bases conceptuelles
d’une théorie cosmogonique qui, avec des modifications évidentes, a inspiré
l’actuelle théorie du Système Solaire ainsi que celle sur la formation des
étoiles .
Au
départ, Kant reliait la naissance des corps célestes au phénomène de la
gravitation mis en évidence par Isaac NEWTON . Son Histoire
nature et théorie générale du
ciel n’est pas analytique mais descriptive : il y présente les étapes
du processus de création de notre Système Solaire . D’abord, le vide absolu, puis la distribution spatiale uniforme de la matière,
qui tend à s’organiser d’elle-même ; il s’agit d’un processus évolutif,
guidé au départ par l’attraction gravitationnelle des particules entre elles
. Mais pourquoi les masses du Système Solaire restent-elles sur le plan préférentiel
de l’écliptique ? Le philosophe explique que c’est le schéma qui permet le
moins de collisions dans la mesure où les orbites ne se croisent pas ...
En
1796, Pierre-Simon de LAPLACE émet une hypothèse en tout point calquée sur
celle de Kant, qu’il ne connaissait pourtant pas ; mais avec lui, de
philosophique qu’elle était, la théorie devint bel et bien scientifique, décrites
par des équations ; le fait qu’il existe une petite excentricité
des orbites l’amène à rejeter l’hypothèse d’une formation des planètes
à partir du globe solaire ; cette excentricité ne peut être que le signe
« fossile » du fait que chaque planète se soit condensée à sa
position actuelle, et ce à partir d’un nébuleuse
initiale contenant en sa masse toute celle du Système Solaire : à partir
de cette nébuleuse se serait condensé un noyau chaud (le Soleil) et des noyaux
plus froids (les planètes, cas excepté de Jupiter l’étoile manquée)
maintenus entre eux par la force centrifuge et la force de gravitation .