L'astronomie, au
carrefour des disciplines
Les sciences de la Terre
La connaissance de notre planète, la Terre, constitue l'objectif majeur des
sciences de la Terre. Comprendre les mécanismes qui ont régi son histoire depuis
sa formation jusqu'à nos jours est indispensable à l'homme pour pouvoir gérer
notre planète et mieux appréhender les phénomènes naturels (séismes, éruptions
volcaniques, inondations, etc...) qui ne sont que les manifestations de sa
dynamique. Aujourd'hui, avec l'avènement de l'ère spatiale, l'homme a non
seulement pris conscience de la globalité des phénomènes qui régissent
l'existence de sa planète, mais il a, aussi, appris à considérer la Terre dans
son contexte planétaire.
L'exploration du système solaire entreprise depuis plus de trente ans a révélé
la variété des phénomènes géologiques (cratérisation météoritique, volcanisme,
tectonique, érosion) qui ont marqué à des degrés divers l'évolution de la Lune
et des petites planètes (Mercure, Vénus et Mars). Les sciences de la Terre
apportent leur contribution à la connaissance du système solaire par le biais de
l'étude comparée des phénomènes géologiques terrestres et de ceux observés sur
les autres planètes.
La pluridisciplinarité des sciences de la Terre
Les sciences de la Terre sont elles aussi le carrefour de nombreuses
disciplines scientifiques qui concourent à une meilleure connaissance de la
"machine" Terre. Ainsi, la géologie, discipline traditionnellement
consacrée à l'étude des constituants de la Terre, de leur mode de formation, de
leur âge et des grands événements qui ont marqué son histoire, a reçu le renfort
de la physique et de la chimie. La géophysique applique en effet des mesures
physiques (sismique, magnétisme, gravimétrie) à l'étude de l'intérieur du globe.
La géochimie permet, grâce aux méthodes de la chimie, d'accéder à l'histoire de
la composition du globe et intervient dans l'établissement du bilan chimique des
phénomènes géologiques.
L'étude des enveloppes gazeuses et liquides de la Terre fait partie des sciences
de la Terre. Les échanges entre les masses océaniques et l'atmosphère, les
mécanismes du cycle de l'eau, les grands courants océaniques ainsi que la
dynamique atmosphérique sont autant de domaines d'étude qui contribuent à
comprendre comment fonctionne notre planète.
Les roches
Les roches sont les matériaux constitutifs de l'écorce terrestre. Elles sont
responsables des reliefs. Différents processus sont à l'origine de la formation
des roches. Les roches magmatiques ou éruptives se forment à partir du magma à
l'intérieur du globe. En remontant jusqu'à la surface, le magma peut s'épancher
en coulées et former les roches volcaniques ou effusives. Le magma peut aussi
refroidir en profondeur et aboutir aux roches plutoniques ou intrusives, telles
que le granite.
Les roches sédimentaires et résiduelles proviennent de la destruction des roches
en place sous l'effet de l'érosion. Les roches sédimentaires résultent du
transport et du dépôt du matériel provenant de l'érosion des reliefs, alors que
les roches résiduelles se forment sur place.
Lorsqu'elles se retrouvent en profondeur dans la croûte terrestre, les roches
(magmatiques ou sédimentaires) sont modifiées par les nouvelles conditions de
température et de pression auxquelles elles sont soumises. Elles deviennent
alors des roches métamorphiques, comme par exemple les micaschistes. Ainsi, en
étudiant la composition et la structure d'une roche, on peut déterminer sa
nature et son origine. L'étude pétrologique est un des éléments qui permettent
de reconstituer l'évolution de l'écorce terrestre et les événements qui l'ont
affectée.
Mouvements et tremblements
Grâce à l'analyse du trajet et de la vitesse des ondes sismiques déclenchées
par les tremblements de terre, on obtient les informations sur la structure
interne du globe. Les trois enveloppes de l'intérieur terrestre sont séparées
par des discontinuités, mises en évidence par des changements brutaux de
propagation des ondes sismiques, et interprétées comme des variations de densité
ou de changements d'état physique.
La croûte (1 % du volume terrestre) est très hétérogène. Sous les continents,
son épaisseur varie de 30 à 50 km en moyenne ; sous les océans, elle est
beaucoup plus mince (5 à 10 km). Ce contraste d'épaisseur s'accompagne d'une
différence marquée de composition : la croûte continentale est de nature
granitique, alors que la croûte océanique est basaltique.
La partie supérieure du manteau et la croûte constituent la lithosphère (100 à
150 km d'épaisseur) qui est découpée en plaques rigides se déplaçant sur
l'asthénosphère plastique qui constitue la zone de transition entre le manteau
supérieur et le manteau inférieur. Les plaques lithosphériques étant rigides
étant rigides, des perturbations se produisent à leurs bordures, les marges,
quand elles se déplacent les unes par rapport aux autres. Selon la nature de
leurs mouvements relatifs, trois grands types de mécanismes se produisent.
Lorsque deux plaques divergent, comme c'est le cas sur les planchers océaniques,
des remontées basaltiques se produisent au niveau des dorsales. Quand deux
plaques, se déplaçant en sens inverse, se rapprochent, la plus dense passe sous
la moins dense (mécanisme de subduction), provoquant des tremblements de terre
et des éruptions volcaniques. La plaque supérieure est également déformée par la
plaque plongeante, et c'est ainsi que naissent certaines chaînes de montagnes.
Enfin, deux plaques peuvent coulisser le long d'une grande faille transformante,
provoquant des tremblements de terre, mais l'activité volcanique est nulle ou
très réduite.
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La distribution des dorsales, des zones sismiques, ainsi que des chaînes de
montagne a permis de délimiter les grandes plaques (six plaques principales,
plus quelques plaques secondaires de taille plus réduite) qui forment
l'enveloppe externe du globe terrestre. Il est largement admis que ce sont les
courants de convection dans le manteau inférieur qui sont principalement
responsables du déplacement des plaques. Ces courants de convection sont
organisés en cellules divergeant sous les dorsales. Ce sont les mouvements des
plaques qui sont à l'origine des profondes modifications subies par la surface
terrestre. Ainsi, la croûte océanique a été totalement renouvelée depuis le
début de l'ère secondaire, c'est-à-dire depuis moins de 200 millions d'années.
De la Terre aux planètes
C'est la combinaison de toutes les informations recueillies grâce à ces
diverses spécialités de sciences de la Terre qui permet aujourd'hui de retracer
l'histoire de notre planète et de mieux comprendre son fonctionnement.
Appliquées aux autres corps solides du système solaire, ces spécialités
permettent de reconstituer progressivement, mais encore très sommairement, leur
histoire.
Sur la Terre, les scientifiques disposent d'une gamme très complète de méthodes
d'investigation qui vont de l'étude in situ (prélèvement d'échantillons,
cartographie, etc...) à l'observation à distance à l'aide de satellites
artificiels (télédétection), en passant par l'étude d'échantillons en
laboratoire (analyses chimiques, minéralogiques et pétrographiques, datations)
et l'interprétation des données géophysiques recueillies par le réseau de
stations au sol (sismologie).
Sur la Lune et les planètes Mercure, Vénus et Mars, les données disponibles
actuellement ont été obtenues majoritairement par télédétection (imagerie dans
le visible ou radar, spectrométrie infrarouge ou gamma) à partir de sondes
orbitales. Les études in situ ont été jusqu'à présent relativement limitées :
seule la Lune a fait l'objet de plusieurs missions d'astronautes qui en ont
rapporté plusieurs centaines de kilogrammes d'échantillons et y ont installé des
stations sismiques ayant fonctionné pendant une dizaine d'années ; les surfaces
des planètes Mars ou Vénus n'ont été visitées que par des engins statiques (VENERA,
VIKING) qui ont analysé sommairement la composition du sol là où ils se sont
posés, mais aucun échantillon n'a été rapporté sur Terre et aucune mesure
géophysique n'y a été réalisée.
Dans ces conditions, la connaissance géologique de ces planètes est encore très
rudimentaire, un grand nombre de questions demeurant encore sans réponse, et
seule la comparaison avec des analogies terrestres permet de formuler des
hypothèses ou de proposer des modèles que les explorations devront vérifier.
Compréhension des phénomènes géologiques planétaires
La surface lunaire est caractérisée par la présence de deux grands types
d'unités géomorphologiques : les "Terres" dont le relief est dominé par la
présence de très nombreux cratères d'impacts météoritiques, et les "Mers" qui
correspondent à de grands bassins comblés par des formations volcaniques. Les
techniques éprouvées pour l'étude des roches terrestres, telles que l'examen
microscopique des minéraux, l'analyse chimique et les datations, appliquées aux
échantillons prélevés par les astronautes américains (missions APOLLO) et par
les robots soviétiques (LUNAKHOD), ont permis d'établir la composition des
roches de ces unités et de dater leur formation ou leur mise en place.
Ainsi, après sa formation, il y a 4,56 milliards d'années environ, l'intérieur
de la Lune s'est différencié (croûte, manteau et noyau). Pendant cette période,
cette différenciation qui a duré environ 800 millions d'années, la Lune a subi
un bombardement météoritique catastrophique (le bombardement post-accrétionnel)
qui a bouleversé sa surface. Les Terres lunaires sont le résultat de ce
bombardement et correspondent à la croûte primitive.
Vers la fin du bombardement post-accrétionnel, l'impact de météorites géantes a
creusé de grandes dépressions (plusieurs kilomètres de profondeur, plus d'un
millier de kilomètres de diamètre), les bassins. Le remplissage de ces bassins
par des formations volcaniques (basaltes) venues de la profondeur a donné
naissance aux Mers. Cette activité volcanique a duré environ 600 millions
d'années. La fin de cette activité volcanique, vers 3,2 milliards d'années, a
correspondu avec l'arrêt de l'évolution géologique lunaire et, depuis cette
époque, la surface n'a été modifiée que par les impacts de petites météorites.
Mars
Au contraire de la Lune, les planètes Mars et Vénus présentent une grande
diversité de reliefs qui sont la conséquence de leur évolution géologique. Dans
le cas de la planète Mars, la présence de volcans géants, tels que Olympus Mons
(27 km de haut, 600 km de diamètre), est l'indication d'une importante activité
interne. La comparaison de ces volcans avec leurs homologues terrestres, tels
que les volcans hawaïens, montre qu'ils n'ont pu s'édifier qu'à la faveur de
conditions particulières : existence de points chauds persistants, et absence de
déplacements de plaques lithosphériques. En effet, contrairement à la Terre, la
surface martienne ne semble pas présenter de limites de plaques. Malgré la
présence de nombreuses failles, la planète rouge ne présente pas de structures
tectoniques comparables à celles qui sont liées à la tectonique des plaques sur
la Terre (chaînes montagneuses, failles transformantes). Cette différence entre
la Terre et Mars est probablement due au fait que cette dernière, deux
fois plus petite que notre planète, a bénéficié d'une source d'énergie interne
plus faible et a, de ce fait, connu une histoire géologique plus brève.
Les échantillons du sol martien, prélevés dans l'hémisphère Nord de la planète
et analysés sur place, ont révélé des compositions chimiques proches de
certaines argiles terrestres (montmorillonites) résultant de l'altération des
roches volcaniques par l'eau, confirmant ainsi le rôle de cet agent sur la
planète rouge. Comme l'indiquent les réseaux fluviatiles fossiles observés à la
surface de Mars, l'eau liquide, aujourd'hui disparue, a été très abondante. Dans
le passé, les conditions climatiques ont permis son existence ; mais le
refroidissement de la planète a entraîné sa disparition. Depuis moins d'un
milliard d'années, l'activité géologique martienne semble avoir cessé, mais on
ignore s'il existe encore une activité interne, même réduite.
Vénus
La planète Vénus possède un très grand nombre d'édifices volcaniques et de
structures tectoniques. Les volcans vénusiens sont les témoins d'une intense
activité interne qui s'est traduite par de grands épanchements recouvrant la
majeure partie de la surface de la planète. Les échantillons analysés sur place
semblent avoir des compositions chimiques proches de celles des roches
volcaniques rencontrées sur les planchers océaniques terrestres.
Malgré la présence de très grandes structures tectoniques (réseaux de failles, chaînes montagneuses), qui sont aussi les témoins de son intense dynamique interne, il n'a pas été possible de démontrer que, contrairement à la Terre, Vénus avait été le siège d'une tectonique de plaques. L'activité géologique vénusienne semble avoir cessé récemment, il y a environ 600 millions d'années, mais les causes de cet arrêt restent encore inconnues.
Vertus de la comparaison
Les phénomènes géologiques qui ont été identifiés sur la Lune, Mars et Vénus
n'ont pu être interprétés que par comparaison avec les phénomènes terrestres, et
grâce à l'analyse de quelques échantillons. Il faudra attendre d'autres
expériences, en particulier géophysiques, pour pouvoir connaître la structure
interne de ces corps et leur composition, et préciser leur histoire géologique
qui n'a été qu'esquissée à grands traits. Il faut par ailleurs souligner sur les
sciences de la Terre bénéficient elles aussi de l'étude géologique des autres
planètes : en effet, lorsque la Terre s'est formée - il y a environ 4,56
milliards d'années, par accrétion de la matière primitive -, elle a subi un
bombardement météoritique catastrophique.
Ce bombardement a sans doute bouleversé l'aspect de la surface terrestre, mais
aujourd'hui on n'en observe plus les conséquences parce que l'évolution
géologique terrestre (tectonique des plaques, érosion, sédimentation) les a fait
disparaître. C'est grâce à l'étude géologique d'autres objets du système
solaire, tels que la Lune, Mercure ou Mars, dont l'évolution semble avoir été
plus brève, que l'on peut reconstituer ce qui s'est passé sur notre planète au
tout début de son histoire.