Ces mystérieux dessins dans le désert

 

         Les lignes de NAZCA font partie des énigmes archéologiques les plus difficiles à résoudre actuellement : d’étranges lignes s’étirant sur des kilomètres, d’incompréhensibles figures géométriques, d’immenses oiseaux stylisés ou d’énormes animaux... Enigme d'autant plus intrigante que pour voir ces dessins, il faut s’élever à environ 500 mètres du sol ! Elles franchissent des bassins et des collines sans que leurs tracés en soient affectés.

         Aucun argument plausible n’est jamais venu appuyer la thèse des extraterrestres ; par suite d’un phénomène atmosphérique unique, aucune goutte de pluie n’est tombée sur les pampas depuis au moins 10.000 années ... En outre, l’érosion y est comparable à celle de la planète Mars, c’est-à-dire très faible . C’est grâce à cela que les dessins nous sont parvenus ; il s’agit en fait de simples alignements de cailloux ferreux . Leur couleur sombre retient la chaleur à leur surface et crée un écran de chaleur qui empêche les sables éoliens de se déposer et de les recouvrir ; ils sont fixés sur le sol grâce au plâtre que celui-ci contient, humidifié par la rosée et jouant le rôle d’un mortier .

        

         Etrangement, on a retrouvés des signes similaires sur un territoire situé à plus de 4.000 mètres d’altitude en Bolivie . Connus depuis 1533, les étranges dessins de Nazca furent étudiés par le docteur Paul KOSOK qui les appela « le plus grand livre d’astronomie du monde » et dont les études furent reprises par l’astronome et mathématicienne allemande Maria REICHE qui y consacra la plus grande partie de son existence.

         Le gigantisme des dessins est en contradiction avec la parfaite droiture des lignes qui ne dévient jamais dans l’ensemble des 500 km² que représente le site . Pour les réaliser, il a fallu déplacer plusieurs tonnes de petits cailloux et les replacer aux emplacements savamment calculés et suivant des tracés soigneux . Maria Reiche suppose que les motifs étaient préalablement réalisés sur « de petites parcelles de 6 pieds sur 6 », d’autant plus qu’elle a retrouvé certaines de ces parcelles ; les Nazcas fractionnaient ces motifs et reproduisaient ainsi à l’échelle voulue chacune des fractions, comme on quadrille un dessin pour mieux le reproduire. On peut alors créer de gigantesque dessins sans nécessiter une vue d’ensemble de l’oeuvre ; pour tracer les lignes droites, ils auraient pu employer des cordelettes tendues entre des pieux - certains ont été retrouvés - et pour les courbes, une succession de petits arcs mis bout à bout.

         Deux explorateurs de l’International Explorers’ Society de Miami, s’appuyant sur une céramique peinte représentant d’après eux un « aérostat », affirment que les Nazcas s’en seraient servi pour réaliser leurs dessins ; cet aérostat auraient été fabriqué à partir de fibres végétales pour le tissage de l’enveloppe et les cordages, de roseaux pour la nacelle. Les deux explorateurs ont d’ailleurs réussi à en fabriquer un...

         D’autres chercheurs ont découverts sur les habits funéraires de grands dignitaires Paracas (momies Nazcas) des broderies représentant d’étranges personnages masqués, qui semblent planer ou descendre en piqué en s’aidant de nombreux rubans que l’on voit flotter autour d’eux. Auraient-ils eu l’idée de cerfs-volants humains ? D’autres découvertes incitent à le croire.

 

         Sur cette terre hostile, où la vie ne fleurit que dans quelques oasis rares, les Nazcas relevèrent le défi de survivre, si l’on en juge par les ouvrages hydrauliques qu’ils ont construit afin de capter les veines souterraines d’eau ruisselant des cordillières jusqu’à la mer . Beaucoup soutiennent que l’immense codex des pampas était axé sur l’étude du mouvement des eaux ; pour Paul KOSOK, certains alignements avaient une direction solsticiale ou équinoxiale : la plus large des lignes solsticiales pointerait ainsi vers la zone où les premières pluies tombent sur les Andes . D’ailleurs, actuellement, beaucoup d’agriculteurs lisent le rythme des eaux dans les étoiles. En outre, la fertilité des terres de la région serait inexistante si l’irrigation n’était couplée à la présence de guano apporté par les oiseaux guaneros : la fertilité dépend alors du vol de ces oiseaux, souvent représentés sur le site de Nazca, et en lequel les populations Nazcas pouvaient faire des présages météorologique...

         Autre hypothèse, celle d’un zodiaque précolombien : les figures représenteraient alors des silhouettes stellaires que seuls les grands pontifes astronomes étaient capables d’utiliser pour lire dans les étoiles . Les lignes simples pourraient suivre la marche des astres, des alignements particuliers (lignes solaires, moins importantes que les lignes lunaires) ; on a relevé, à côté de certaines zones de dessins, de gigantesques nécropoles sous le sable, signes que les dessins pourraient servir d’escorte aux âmes des défunts.

         Seules les pistes triangulaires, trapézoïdales et quadrangulaires restent à expliquer, et là les avis divergent : selon les dernières interprétations, trois pieux de bois au centre du plus grand des trapèzes auraient pointé vers 610 avant JC vers le lever de la constellation des Pléiades peu avant le 21 juin, pour annoncer le solstice d’hiver dans l’hémisphère Sud . Par ailleurs, une ligne aboutissant à ce trapèze est dans l’alignement du coucher du Soleil à cette même date.

 

         Cependant, un récent contrôle effectué par l’astronome Gerald HAWKINS - voir Stonehenge - est venu jeter une ombre sur l’hypothèse astronomique du lieu, puisque l’ordinateur ne trouva aucune concordance entre les lignes choisies et les astres de l’époque ; mais le contrôle est loin d’être exhaustif . Avec tout le mystère qu’il garde, ajoutons que la progression des recherches sur le site risque d’être compromise par toutes les déprédations dont il est victime . Longtemps négligés mais à présent trop célèbres, les dessins sont saccagés par l’affluence des curieux ...

 

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