Historique du tableau
périodique |
Depuis l'Antiquité, l'homme a tenté de trouver une explication simple
à la complexité de la matière qui l'entoure. On a d'abord pensé que les éléments
de toute matière se résumaient à l'eau, la terre, le feu et l'air.
Cette théorie fut délaissée progressivement à mesure que des techniques
expérimentales de plus en plus perfectionnées pour étudier la matière et les
phénomènes de l'univers physique ont été développées.
À mesure qu'augmentait le nombre d'éléments connus, les chimistes du
XIXe siècle éprouvaient le besoin de les ordonner. On connaissait les
masses atomiques et on avait déjà l'habitude de classer les éléments d'après
l'augmentation de cette caractéristique. La simple progression des masses
atomiques ne pouvait toutefois expliquer logiquement les différents
comportements des éléments.
Les premières classifications des
éléments
Les triades avec Döbereiner
Le rapport entre la masse atomique des éléments et leurs propriétés fut
constaté par un chimiste russe: J. W. Döbereiner dès 1817. Il suggéra
l'existence de «triades» d'éléments semblables tels que le chlore, le brome et
l'iode. Il montra en outre que la masse atomique du second élément est
intermédiaire entre celle des deux autres.
Vers 1850, les chimistes
étaient parvenus à identifier quelque 20 triades, première manifestation d'une
certaine harmonie dans la répartition des éléments.
La loi des octaves avec Chancourtois et Newlands
Jusqu'ici, aucune idée de périodicité n'est apparue. C'est en 1862
seulement que le géologue français Alexandre Chancourtois (1820-1886)
mit en évidence une certaine répétition dans les propriétés des éléments. En
1864, Chancourtois et le chimiste britannique John Newlands (1837-1898)
furent ridiculisés lorsqu'ils proposèrent la «loi des octaves» : «...Le
huitième élément, qui suit un élément donné, ressemble au premier comme la
huitième note de l'octave ressemble à la première...». Cette loi ne pouvait
toutefois s'appliquer aux éléments situés au-delà du calcium. Cette
périodicité de huit parut beaucoup trop arbitraire. On qualifia cette
suggestion de compliquée, d'artificielle et de fantaisiste. L'idée faisait
cependant son chemin.
La périodicité du volume atomique avec Meyer
En 1869, le chimiste allemand Julius Lothar Meyer (1837-1895)
découvrit la périodicité du volume atomique et l'illustra au moyen d'une
courbe. Les éléments semblables occupent des positions semblables sur la
courbe en dents de scie. Les métaux alcalins, entre autres, se trouvent sur
les pointes de la courbe.
La loi de la périodicité des propriétés avec
Mendeleïev
C'est au chimiste russe, Dimitri Ivanovitch Mendeleïev (1834-1907), que
revient le mérite d'avoir structuré une classification cohérente de l'ensemble
des éléments. En rédigeant un volume de chimie, il se rend compte qu'en
plaçant les éléments en ordre croissant de leur masse atomique, il apparaît
une tendance en ce qui concerne les propriétés, tendance qui se répète à
plusieurs reprises. En 1869, il présenta une première version de son tableau
périodique.
Celui-ci contient alors les 63 éléments connus à cette
époque.
Mendeleïev disposa son tableau de manière que la périodicité
apparût nettement. Dans ce tableau, les éléments sont classés
verticalement (ils sont disposés horizontalement dans la
classification actuelle). Les rangées horizontales se succèdent
régulièrement au fur et à mesure que certaines propriétés chimiques et
physiques se répètent. Dans les rangées verticales, on retrouve des éléments
possédant à peu près les mêmes propriétés chimiques et des ressemblances dans
leurs propriétés physiques.
Pour respecter la loi périodique à laquelle Mendeleïev croyait fermement,
il dut parfois modifier l'ordre déterminé par la progression des masses
atomiques et laisser certaines cases vides.
Il était persuadé qu'on
finirait bien par découvrir les éléments manquants, (ces éléments
correspondent aux points d'interrogation devant les masses atomiques relatives
45, 68, 70 et 180) ce qui confirmera le bien-fondé de sa théorie. Il va
même jusqu'à prédire les propriétés de trois éléments manquants en se basant
sur les propriétés des quatre éléments voisins. Entre 1875 et 1886, ces trois
éléments (gallium, scandium, germanium) furent découverts. Chacun possédait
bien les propriétés prédites par le chimiste russe. Jusque là, très peu de
scientifiques acceptaient les idées de Mendeleïev. Mais lorsque ces éléments
prédits par ce dernier furent découverts, présentant de surcroît des
propriétés très proches de celles qu'il avait prévues, les scientifiques
reconnurent l'utilité de son tableau périodique.
Bien que la classification de Mendeleïev marquât un net progrès sur tous
les autres essais de classification d'alors, il reste qu'elle contenait
certaines anomalies dues à des masses atomiques encore mal déterminées à
l'époque.
La découverte de gaz rares avec Ramsay
En 1895, le chimiste écossais William Ramsay(1852-1916) découvre
l'argon et l'hélium. Aucune place n'était prévue pour ces éléments de grande
stabilité chimique dans le tableau de Mendeleïev. En se basant sur la
similitude de leurs propriétés, on ajoute une colonne au tableau afin de les
insérer entre les halogènes et les alcalins, place qui convient alors à leur
masse atomique. Peu de temps plus tard, Ramsay découvre le néon, le krypton et
le xénon.
Le numéro atomique avec Moseley
En 1914, le physicien anglais Henry Moseley (1887-1915) réussit, à
la suite d'études faites au moyen des rayons X, à déterminer le nombre de
protons de chacun des éléments. On en conclut que la structure atomique serait
une base de classification plus appropriée que la masse atomique. Les éléments
sont maintenant disposés en ordre croissant des numéros atomiques (nombre de
protons) et on observe la même périodicité concernant les propriétés. Les
modifications que Mendeleïev avait dû effectuer en intervertissant l'ordre de
certains éléments se trouvent ainsi justifiées.
La disposition moderne avec Seaborg
C'est à Glenn
T. Seaborg (1912 - 1999), chimiste américain, que revient la
disposition moderne du tableau de classification périodique caractérisée par des
rangées horizontales (périodes) et des colonnes verticales (familles
chimiques). Il proposa cette version en 1945.
Même si de nombreux éléments furent découverts après la classification
des éléments par Mendeleïev et malgré quelques erreurs de classification,
sa théorie de la périodicité des propriétés des éléments constitue la base
de notre tableau de classification périodique moderne. |
De 33 éléments identifiés par Lavoisier vers 1790, nous comptons maintenant
118 éléments.
Fernando Dufour et son arbre périodique
des éléments
Un ancien professeur de chimie du Collège Ahuntsic à Montréal, Fernando Dufour, a inventé un nouveau modèle
pour placer les éléments. Il s'agit d'un tableau périodique tridimentionnel
qu'il a nommé ElemenTree ou arbre périodique. Contrairement aux
autres tableaux périodiques, dans lesquels le classement est conforme aux seuls
électrons de valence, l'arbre périodique tient compte de tous les électrons de
chacun des éléments. Pour en savoir davantage sur cette invention, on peut
consulter l'article d'André Lemelin, intitulé De l'ordre dans le tableau
(Québec Science, volume 34, numéro 3 (novembre 1995), page 35.
On peut aussi se référer à l'article ElemenTree: A 3-D Periodic Table by Fernando Dufour, revu
par George B. Kauffman.
Voyez l'évolution de ses tableaux tridimentionnels: son premier
modèle remonte à 1946. Il a consacré plus de 50 ans à tenter de dévoiler le
secret périodique...
Les illustrations sont publiées avec la collaboration et la permission de
M. Dufour.
Pierre Demers et son système du Québécium
Un professeur horonaire de l'Université de Montréal, Pierre Demers, a imaginé
et proposé en 1995 un nouveau système de classification périodique, soit celui
du Québécium.
M. Demers propose d'appeler Québécium (Qb) le gaz rare radioactif
hypothétique terminant le tableau et portant le numéro 118. Sa formule en
sous-couches comprend celle des 117 autres éléments. Le système est basé sur la
diminution de la formule du Québécium, que l'auteur nomme vêlage, par analogie
avec celui des glaciers libérant des icebergs. Il enlève des électrons en
commençant par les dernières sous-couches jusqu'à l'obtention de l'hydrogène.
Le site Québécium International explique en détail les fondements de
ce système.

Système du Québécium, 118 éléments - Aperçu du tableau
nouveau
Publié avec la permission de M. Demers
Différents styles de tableaux
périodiques
Depuis que Dimitri Ivanovich Mendeleïev a imaginé le tout
premier tableau périodique en 1869, environ un millier de représentations
graphiques différentes de cette pierre angulaire de chimie inorganique moderne
ont été éditées. On peut voir quelques styles en forme de triangle et de spirale
ainsi qu'en couches superposées ou en trois dimensions dans le site: The
Pictorial Periodic Table.
Importance du tableau périodique
Le tableau
périodique reste, après un siècle, le plus important moyen de comparaison entre
les éléments chimiques. Il nous permet d'étudier rationnellement la grande
variété des substances que nous trouvons dans la nature.
La classification
périodique des éléments exprime une profonde vérité physique et permet d'unifier
un grand nombre de connaissances portant sur la matière. Ce classement facilite
la compréhension des groupes d'éléments en montrant la relation entre leurs
propriétés chimiques et leur structure atomique.
De plus, la connaissance du
tableau périodique permet de prévoir les formules des composés et les types de
liaisons unissant les composantes d'une molécule.
Structure du tableau périodique
Le tableau
périodique se divise en trois grandes régions: les métaux, les non-métaux et les
métalloïdes. Les éléments d'une même région possèdent des propriétés communes.
- Les métaux sont les plus nombreux du tableau périodique. On
retrouve ces éléments à gauche d'une ligne allant du bore (B) à l'astate (At)
dans le tableau périodique. Tous les métaux, sauf le mercure (Hg), sont
solides à la température de la pièce. Ils sont luisants, malléables, ductiles;
ils conduisent l'électricité et la chaleur et plusieurs d'entre eux réagissent
avec des acides.
- Les non-métaux se trouvent dans la partie droite du tableau de
classification périodique. Ils ont des aspects très variés et ils possèdent
des propriétés fort différentes de celles des métaux. Ils sont ternes, ne
conduisent pas ni l'électricité ni la chaleur; ils ne peuvent être laminés et
ne sont pas ductiles.
- Les métalloïdes se situent le long de la frontière en forme
d'escalier séparant les deux groupes précédents. Ces éléments ressemblent aux
non-métaux mais conduisent, à divers degrés, le courant électrique comme les
métaux. Leur nom signifie «semblables aux métaux».
Les rangées horizontales dans le tableau périodique forment les
périodes. Les électrons des éléments occupant une même période sont
distribués sur un même nombre de couches électroniques, nombre donné par le
numéro de période.
Les colonnes verticales, quant à elles, forment les familles. Les éléments
appartenant à une même famille ont en commun certaines caractéristiques. C'est
donc dire que les propriétés chimiques semblables reviennent périodiquement,
d'où le nom de tableau de classification périodique.
Voici le nom des quatre principales familles chimiques :
- Les alcalins se situent à l'extrême gauche du tableau de
classification périodique. Tous les éléments de cette famille chimique ont en
commun une très grande réactivité aux non-métaux et à l'eau. En réagissant
avec cette dernière, ils forment un alcali, d'où leur appellation. Ce sont des
métaux mous, légers et d'aspect argenté. Ils n'existent pas à l'état pur dans
la nature; ils sont toujours combinés à d'autres éléments.
- Les alcalino-terreux se situent à droite de la famille des
alcalins. Ils présentent en solution des propriétés alcalines et se retrouvent
dans plusieurs roches. Ce sont des solides gris métalliques. Ils ont des
analogies avec les alcalins, mais ils sont plus durs et moins réactifs.
- Les gaz inertes ou gaz rares se situent dans la dernière colonne
du tableau de classification périodique. Tous ces éléments ont une réactivité
chimique presque nulle aux autres éléments. Ils se caractérisent par une très
grande stabilité chimique grâce à leurs couches électroniques saturées.
Incolores à l'état naturel, ils émettent des couleurs caractéristiques dans
des tubes à vide.
- Les halogènes se situent dans la colonne à gauche des gaz
inertes. Ils sont tellement réactifs qu'on ne les rencontre qu'à l'état
combiné dans la nature. Cette famille tire son nom d'un mot grec qui signifie
«générateurs de sels». En effet, ils forment des sels avec les
alcalins; ils donnent des acides forts avec l'hydrogène.
L'hydrogène se trouve au-dessus de la famille des alcalins. En
fait, il n'appartient à aucune famille chimique. Il est un élément unique en son
genre pouvant se comporter comme un alcalin et parfois comme un halogène.
Les autres familles chimiques sont désignées par le nom du premier élément
qui se trouve en haut de la colonne, sur le tableau périodique. On peut aussi
utiliser le chiffre romain et la lettre (A ou B) qui apparaissent en haut des
colonnes du tableau.
Principales caractéristiques du tableau
périodique
- Les éléments d'une même famille ont des propriétés semblables; les
configurations électroniques expliquent cette similitude. En effet, les
éléments d'une même famille possèdent le même nombre d'électrons de valence,
nombre qui correspond au numéro de la famille.
- Pour les éléments d'une même famille, plus le numéro atomique
augmente, plus le rayon de l'atome augmente.
- Pour les éléments d'une même famille, plus le numéro atomique
augmente, plus l'énergie d'ionisation diminue.
- Pour les éléments d'une même période, plus le numéro atomique
augmente, plus les propriétés métalliques diminuent.
- Pour les éléments d'une même période, plus le numéro atomique
augmente, plus le rayon de l'atome tend à diminuer. Les forces d'attraction de
plus en plus grandes entre les noyaux et les électrons qui viennent se placer
sur des orbitales d'énergie presque identiques expliquent cette
caractéristique.
- Pour les éléments d'une même période, plus le numéro atomique
augmente, plus l'énergie d'ionisation augmente, quoiqu'il existe certaines
irrégularités attribuées à la formation de doublets d'électrons sur les
orbitales périphériques.
Références
Livres
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l'élève, Montréal, Éditions du Renouveau pédagogique inc., 1991, 527 p.
BOUCHARD, Régent., et R. DIONNE. Découvertes - Manuel
d'apprentissage, Montréal, Libec inc., 1992, 617 p.
CEMS. La chimie, Science expérimentale, Montréal, C.P.P.,
1966, 468 p.
GRAVEL, J.-P., G. G. HALL et S. MADRAS. Éléments de chimie
moderne, Montréal, McGraw-Hill, 1969, 438 p.
GRENIER, Eva. En quête des propriétés et de la structure,
Laval, HRW, 1991, 150 p.
LAHAIE, R., L. PAPILLON et P. VALIQUETTE. Éléments de chimie
expérimentale, Montréal, HRW, 1976, 534 p.
LEDBETTER, E. W., et J. A. YOUNG. À la découverte de la
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p.
MORIN, R. Incursion, Laval, Beauchemin, 1992, 432 p.
SCOTT, Michel. À la découverte de la matière et de l'énergie,
Livre des connaissances, Anjou, CEC, 1992, 280 p.
SCOTT, Michel. À la découverte de la matière et de l'énergie,
Livre des apprentissages 1, Montréal, CEC, 1991, 192 p.
Revue
LEMELIN, André. «De l'ordre dans le tableau», Québec
Science, vol. 34, no 3, novembre 1995, p. 35.
Sites WWW
DEMERS, Pierre. (Page consultée le 2 février
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International, [En ligne]. Adresse URL: http://www.Quebecium.qc.ca
DEMIRJIAN, Doris, et Rollie OTTO. (Page consultée le 5 décembre
2004). Glenn Seaborg
- His life and contributions, [En ligne]. Adresse URL:
http://www.lbl.gov/seaborg/
HEILMAN, Chris. (Page consultée le 5 décembre 2004). The
Pictorial Periodic Table, [En ligne]. Adresse URL:
http://140.198.18.108/periodic/periodic.html
KAUFFMAN, George B. (Page consultée le 5 décembre 2004). ElemenTree: A 3-D Periodic Table by Fernando Dufour,
[En ligne]. Adresse URL:
http://www.link.springer.de/link/service/journals/00897/bibs/0004003/00040308.htm